Dommage Collatéral
L’ignorance c’est la cécité des sociétés. C’est un esclave de nos despotes. Comme dans le temps des romains, un citoyen gavé et diverti est un citoyen docile. Le Québec est une colonie romaine. Ces citoyens y sont aveugles. Pas tous bien sûr, mais comme dans n’importe quoi, c’est la masse, c’est le moule, trop souvent majoritaire, qui gagne. Il y a donc un problème, la majorité des québécois sont des ignorants. J’utilise le mot ignorance avec une définition précise. Il prend sa connotation sur l’ignorance du monde extérieur.
Le ‘’Gaspésien‘’
J’ai décelé deux types d’ignorants. Le premier l’est sans son consentement. L’absence de connaissances du monde environnant n’est pas voulue. Chez ce genre de personne, un espoir est possible. Peut-être que si nous lui annoncions que, des 11/09, il y en a un à chaque jour en Afrique, il deviendrait plus conscientisé et arrêterait de penser qu’il est tout seul sur cette planète.
Le ''Lavallois''
Le deuxième c’est le pire, c’est celui qui lui-même s’aveugle. Conscient des horreurs qui se passent autour de lui, il se recroqueville sur sa propre personne. Preuve d’un individualisme profond. Il se bande les yeux, car il se dit que les problèmes des autres ne sont pas ses problèmes. Ce qui est vrai d’un point de vue égoïste, mais dans un monde où tout le monde doit se serrer les coudes, le problème de l’un devient le problème de tout le monde. Quelques fois, en public, ce genre de personne joue la carte de l’hypocrisie. Du genre : ‘’ Je ne prend jamais ma douche plus d’une minute pour sauver de l’eau ‘’ ou bien le ‘’ Moi, je ne consomme rien qui est produit par des travailleurs exploités ‘’. J’aime beaucoup entendre ce genre de phrase. Je les trouve drôles. Dans les ignorants consentants, il n’y a pas que des hypocrites, il y a ceux qui savent la misère et ne font que se fermer les yeux. Il y a aussi ceux qui sont sélectifs. Une bonne action pour une mauvaise. ‘’ Je recycle, mais je télécharge de la musique illégalement ‘’ et le célèbre ‘’ J’achète du café équitable, mais j’achète mes vêtements chez la plus capitaliste et la plus exploitante des compagnies possibles ‘’. En gros, ils sont assez écologistes pour faire du recyclage, mais il ne faut pas trop leur en demander. Ils ne sont pas prêts à sacrifier leurs petites vies tranquilles d’occidentaux pour un congolais qui meurt de faim.
Le Québécois?
Ce qui unit toutes ces personnes, dans cette magnifique famille d’égoïste fini, se résume en une phrase : ‘’ Oui, mais tout ce que je pourrais faire, ne servirait à rien ‘’. Je crois que c’est ma favorite de toutes. Elle mérite la palme de la stupidité. On
remarque bien l’utilisation du conditionnel présent, ce temps de verbe s’applique à toutes paroles en l’air et cela prouve qu’ils n’ont jamais rien fait pour les autres et ne feront jamais rien. Bon choix!
Je ne suis pas en train de banaliser les petits gestes du quotidien qui pourraient aider cette planète et ces habitants, au contraire, je les encourage. Si tout le monde faisait ces petits gestes, le monde se porterait beaucoup mieux. Je dis juste que les faire dans un esprit de culture populaire et non de conscience sociale, est une preuve accablante que l’exercice n’a pas été compris.
Miroir, miroir qui est le coupable?
J’aurais bien aimé finir avec une chute pleine d’attaques virulentes envers les pollueurs, les voleurs, les violeurs, les bandits et leurs députés, les menteurs, les sans-cœur et les adéquistes; pour finir avec une lueur d’espoir du genre : ‘’ Au moins, moi je suis là ‘’, mais ce n’est pas le cas. À force d’écrire ce texte, j’ai réalisé à quel point tout le monde s’en fout. Tout le monde se fiche complètement des autres. À part, peut-être quelques exceptions comme Steven Guilbeault, porte-parole de Green Peace Québec, les Québécois ne vivent que pour leur propre et unique existence, parfois même sans le vouloir. On peut mettre la faute sur les pressions sociales ou bien les salaires des joueurs de hockey trop élevés, mais l’essence du problème reste toujours entre nos deux oreilles. Même si je fais du recyclage, même si j’ai des principes auxquels je m’accroche le plus fort possible, même si je m’implique socialement et même si j’ai écrit ce papier, je dois m’avouer vaincu. La masse m’aspire dans son tourbillon de vie pré mâchée : depuis toujours, je fais parti des égoïstes finis.
Mais, plus fort que ce texte pessimiste, plus fort que ce texte stéréotypé, plus fort que mes pensées réalistes, plus fort que le nombre minime d’homme voulant faire le mal sur cette terre, et surtout plus fort que l’attachement à une situation personnelle, la solidarité humaine viendra, un jour, sauver le monde. Il ne faut juste pas que la moitié de la planète meurt avant que tout le monde puisse s’ouvrir les yeux…